c'est la paix que je vous laisse...
Question:
Si jamais vous pouvez me donner un éclairage sur les paroles suivantes et dont j'ai tant besoin je vous en serais très reconnaissante: "c'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne; non pas à la manière du monde que je vous la donne" (Jn 14, 27).
D.A.
Réponse :
Il faut avouer que la phrase de Jn14.27 est une réinterprétation d'un message de Jésus à la lumière du gnosticisme qui est fortement présent dans Jean: mouvement dont est issu l'évangile selon Thomas et l'évangile dit de Judas. Il s'agit d'un mélange de pensée juive, de philosopie grecque, d'éléments plus orientaux,... Le "monde" y représente en général ce qui emprisonne la parcelle divine retenue dans la "création" et destinée à retourner dans le sein de l'Etre suprême, parfois considéré comme étant même au-dessus du créateur qui n'aurait pas très bien réussi sa tâche. L'évangile de Jean est très complexe, sa rédaction comporte des strates successives, de sorte qu'il est difficile de savoir s'il écrit à des gnostiques convertis au christianisme et ainsi les accueillir avec leurs représentations, ou s'il s'agit d'une adaptation de l'évangile au gnosticisme chrétien qui commençait à avoir une présence forte en Syrie et en Egypte notamment, à la date de la rédaction de Jean (année 100 environs, la rédaction finale peut être encore un peu plus tardive).
Ce message de "paix" était particulièrement bienvenu dans un milieu qui était certainement très exposé (les gnostiques vont être durement contrés par une ligne chrétienne plus "orthodoxe" qui dominera au 3è-4è siècle).
Cette "paix" est évidemment, dans la compréhension de Jean, celle du christ Jésus dont la parcelle divine est déjà allée "rejoindre" le "Père".
C'est évidemment une interprétation intéressante du rôle de Jésus. Mais le gnosticisme dévalorise de fait le corps, et la vision dualiste de l'être humain risque de faire écran à la réalité de l'unité de l'être humain : la personne humaine est un tout.
Que l'encouragement à la paix puisse donc nous aider à vivre cette unité de notre personne, nous encourager à vivre cette paix avec nous-mêmes, à considérer notre vie de manière positive, dans son maillage relationnel avec l'humanité et notre insertion dans le monde (au sens large du terme) dont nous sommes et auquel nous sommes fatalement liés.
EW
Si jamais vous pouvez me donner un éclairage sur les paroles suivantes et dont j'ai tant besoin je vous en serais très reconnaissante: "c'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne; non pas à la manière du monde que je vous la donne" (Jn 14, 27).
D.A.
Réponse :
Il faut avouer que la phrase de Jn14.27 est une réinterprétation d'un message de Jésus à la lumière du gnosticisme qui est fortement présent dans Jean: mouvement dont est issu l'évangile selon Thomas et l'évangile dit de Judas. Il s'agit d'un mélange de pensée juive, de philosopie grecque, d'éléments plus orientaux,... Le "monde" y représente en général ce qui emprisonne la parcelle divine retenue dans la "création" et destinée à retourner dans le sein de l'Etre suprême, parfois considéré comme étant même au-dessus du créateur qui n'aurait pas très bien réussi sa tâche. L'évangile de Jean est très complexe, sa rédaction comporte des strates successives, de sorte qu'il est difficile de savoir s'il écrit à des gnostiques convertis au christianisme et ainsi les accueillir avec leurs représentations, ou s'il s'agit d'une adaptation de l'évangile au gnosticisme chrétien qui commençait à avoir une présence forte en Syrie et en Egypte notamment, à la date de la rédaction de Jean (année 100 environs, la rédaction finale peut être encore un peu plus tardive).
Ce message de "paix" était particulièrement bienvenu dans un milieu qui était certainement très exposé (les gnostiques vont être durement contrés par une ligne chrétienne plus "orthodoxe" qui dominera au 3è-4è siècle).
Cette "paix" est évidemment, dans la compréhension de Jean, celle du christ Jésus dont la parcelle divine est déjà allée "rejoindre" le "Père".
C'est évidemment une interprétation intéressante du rôle de Jésus. Mais le gnosticisme dévalorise de fait le corps, et la vision dualiste de l'être humain risque de faire écran à la réalité de l'unité de l'être humain : la personne humaine est un tout.
Que l'encouragement à la paix puisse donc nous aider à vivre cette unité de notre personne, nous encourager à vivre cette paix avec nous-mêmes, à considérer notre vie de manière positive, dans son maillage relationnel avec l'humanité et notre insertion dans le monde (au sens large du terme) dont nous sommes et auquel nous sommes fatalement liés.
EW