Extraits des annales n° 4.

Publié le par l'UPL


Veuillez trouver ici des extraits des " annales n° 4"
Sommaire:
Claude Conedera, L'exitence devant l'Inconditionné chez Paul Tillich ;
" TILLICH ne garde pas le cadre d'une philosophie critique qui sépare l'Etre et la pensée de l'Etre. Il lui faut un autre héritage : non une philosophie qui cherche les conditions de possibilité de la connaissance, le prix à payer est trop cher, mais une philosophie à la fois " critique et intuitive " qui unit l'Etre et la pensée de l'Etre. "
(Claude Conedera)

Philippe Kah : Giordano Bruno, tel Jésus, coupable de liberté ;
" Jésus de Nazareth et Giordano Bruno, l'un et l'autre ont œuvré dans le monde des idées, délivrant un message, un enseignement pour le premier et cherchant le savoir, la science véritable pour le second ; les deux visant l'épanouissement de la liberté de l'auditeur qui sait comprendre. Au terme de leur parcours, les deux également connurent un destin tragique. "
(Philippe Kah)

Ernest Winstein :
Le projet “politique” de Jésus.
" L'engagement au service de Dieu a conduit Jésus, à sa manière, à un engagement " politique ".
Nous ne projetterons pas sa royauté vers un futur éthéré, mais prendrons exemple sur cet homme de foi. "
(Ernest Winstein)


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Le projet politique de Jésus (extrait)
Introduction
Jésus a-t-il eu un engagement politique ? A-t-il soutenu ou construit un " projet politique " ?
Le simple fait de poser la question scandalisera ceux qui auréolent Jésus d'absolue sainteté et n'imaginent pas qu'il ait pu se laisser aller à des contingences de pouvoir. D'autres chercheront auprès du maître de Nazareth une justification ou une impulsion à leur engagement dans la société d'aujourd'hui.
Considérons d'emblée qu'en attribuant à Jésus le titre de " Christ " nous lui reconnaissons la qualité de messie, donc de roi.
La question mérite un examen serré, sur la base des données que nous fournissent les documents qui sont à notre disposition, les écrits bibliques en particulier, approchés avec les moyens dont disposent aujourd'hui les exégètes - la critique textuelle, la connaissance des auteurs et du contexte rédactionnel.
Précisions au sujet du vocabulaire utilisé : Peut-on parler de projet " politique " ?
La question n'intéressera guère ceux qui ont une vision pessimiste de la politique, comprise comme un ensemble de manœuvres destinées à influencer le cours des choses pour permettre à ceux qui détiennent les leviers du pouvoir d'en tirer un profit maximum. Il seront même scandalisés à l'idée que Jésus, s'il était le " fils unique " et éternel de Dieu, ait pu s'abaisser jusqu'à se mêler de gérer les affaires du monde.
Par contre, si la politique est comprise comme la responsabilité civique de tout un chacun, et si nous percevons Jésus comme un homme sensible au devenir de son peuple et à la dignité de ses contemporains, nous serons motivés pour creuser la question du rôle politique qu'il a pu jouer.
C'est dans ce sens dynamique et positif que nous définirons le mot " politique ", en nous appuyant sur la signification qu'en livre l'étymologie. La racine grecque " polis " - la cité, la ville - nous fait dire que la politique est la conduite de l'administration de la ville et, par extension, du pays. Est donc politicien celui qui s'occupe de la "polis", la cité - en somme, chaque citoyen. Est donc politique toute action qui vise l'organisation de la société afin que la vie de la communauté humaine en général, et celle de l'individu en particulier, puissent se dérouler dans des conditions optimales.
Se pose ensuite la question des moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs que se donne un projet politique.
Un royaume digne d'être appelé de Dieu suppose la mise en œuvre d'une justice qui soit à l'aune de celle de Dieu.
Comment alors le comportement de l'homme Jésus anticipe-t-il sa qualité de futur messie ? Quelle " justice " met-il en œuvre ?

Quelle image de Jésus nous livre le Nouveau Testament lorsque nous posons la question de son engagement pour une transformation de la société de son époque et quant au devenir de son pays ? Jésus a-t-il fait de la politique partisane ? A-t-il rallié un parti politico-religieux plutôt qu'un autre ? En aurait-il même créé ?
Ce questionnement en appelle un autre :
Quelles conséquences peut avoir pour nous l'engagement de Jésus, sur le plan de notre engagement ou responsabilité politique? Pour quel engagement politique les citoyens d'aujourd'hui se trouvent-ils stimulés par Jésus ? Existe-t-il un engagement "neutre", non partisan?

Ernest Winstein (Extraits du n° 4 des "Annales de l'UPL")

 

L'existence devant l'inconditionné chez Paul TILLICH (La foi dans la culture contemporaine). Extrait

Paul TILLICH (1886-1965) : dogmaticien, théologien de la culture, théoricien du socialisme chrétien, philosophe. Ces qualificatifs dépeignent en quelques mots une œuvre qui est l'une des grandes synthèses théologiques du XX° siècle. Une œuvre commencée en Allemagne (Berlin, Marbourg, Dresde, Leipzig) puis continuée aux Etats-Unis, où TILLICH avait fui le régime nazi en 1933 (New York, Haward, Chicago).

 
 

On oppose souvent la période allemande à la période américaine. Cette opposition se cristalliserait dans une pensée marquée par l'idéalisme allemand de Schelling et son abandon durant la période américaine. En filigrane se trouve la terrible question qui a été un point d'achoppement pour toute la philosophie de la seconde moitié du XX° siècle : pourquoi l'idéalisme allemand, la pensée dominante du XIX° siècle, n'a-t-il pas su éviter, ou pire, a-t-il même conduit à la catastrophe nazie ? L'abandon de la pensée idéaliste par TILLICH serait la réponse théologique à ce traumatisme et inaugurerait une nouvelle façon de penser la théologie dans sa relation à la culture.

La THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE, publiée en 1951 à Chicago, serait le symbole de cette nouveauté.
Or, il existe une édition allemande, publiée en 1955, traduite par Renate Albrecht et revue par TILLICH lui-même. On savait depuis longtemps qu'il existe de nombreuses variantes entre les deux éditions. La publication des œuvres de TILLICH aux Éditions du Cerf, Labor et Fides et aux Presses de l'université de Laval par André Gounelle et Jean Richard, m'ont donné l'occasion de me lancer dans la recherche des variantes entre les deux éditions. Un travail fastidieux mais utile pour la recherche tillichienne.
1. Le concept d'inconditionné dans le cadre d'une théologie de la culture. (…)
2. L'inconditionné dans le cadre d'une théologie de la culture. (…)
3° L'existence devant l'inconditionné. (…)

Une phénoménologie de l'inconditionnel
La philosophie religieuse de TILLICH veut prendre en compte l'expérience croyante. La philosophie de l'inconditionné ne doit pas aborder cette expérience à l'aune d'une philosophie traditionnelle fondée sur la séparation du sujet et du monde. Il faut dépasser les oppositions classiques et ce dépassement nécessite une philosophie à la fois critique et intuitive, une phénoménologie, pour rendre raison de l'expérience croyante qui, en prise avec l'inconditionné, pose la question du sens ultime et de l'ultime réalité du sens.
Le criticisme n'arrive pas à penser l'essence de la chose, la méthode intuitive n'arrive pas à penser son existence. La nouvelle méthode phénoménologique doit prendre son point de départ dans le criticisme, c'est-à-dire prendre en compte les différentes fonctions de l'Esprit humain en tant qu'elles sont des formes du réel : la réalité s'exprime à travers les différentes expressions culturelles de l'Esprit. Or, ces formes sont vides parce qu'elles ne sont pas remplies par un inconditionné. Ce qui donne sens à toute chose, l'inconditionné, n'est lui-même pas un sens.
L'inconditionné ne peut être appréhendé que par l'intuition. Dieu peut se dire en différents discours, mais tous ces discours se brisent devant la référence ultime qu'est Dieu. Son existence n'est pas affaire de démonstration, mais il s'impose par lui-même au sujet qui a l'intuition de son existence en tant qu'il fonde sa propre existence de sujet. Selon TILLICH, il est possible pour la phénoménologie de concilier le discours rationnel et l'intuition de quelque chose qui dépasse le réel et le fonde. Le paradoxe n'est certes pas entièrement résolu, mais TILLICH y voit la seule possibilité de penser Dieu et de vivre de Dieu.
Enfin, l'existence devant l'inconditionné demande une nouvelle philosophie de l'histoire. La modernité, depuis le rationalisme, a cherché à se dégager de l'hétéronomie, d'une loi divine imposée à l'homme. L'autonomie kantienne a inauguré l 'époque de l'autonomie : non plus une loi extérieure qui s'impose à la conscience, mais la loi de la conscience qui s'impose à toutes les consciences et ordonne le monde. L'hétéronomie a perdu Dieu : la loi de la conscience et la loi divine sont étrangères l'une à l'autre. L'autonomie de la conscience a produit la technique et la domination rationnelle d'un monde sans Dieu.
Le prix à payer est lourd pour TILLICH : la conscience de l'inconditionné, c'est-à-dire la véritable expérience croyante qui donne un sens inconditionnel à l'existence, est perdue. L'autonomie de la conscience ayant montré ses limites, il faut une autre loi de la conscience, la théonomie, que TILLICH définit comme étant " une situation de l'esprit dans laquelle les formes de la vie spirituelle sont l'expression de l'incondtionné-réel ". Dieu est lui-même la norme, la loi de la conscience. Une norme qui n'a pas de contenu positif particulier, mais une norme qui donne un sens à la vie de l'Esprit en tant qu'elle est l'expression de l'inconditionné.
Ainsi, la culture théonome est une culture fondée sur l'ontologie de l'inconditionné, qui a pris acte de l'évolution des sciences et des techniques, mais qui donne toute sa place à Dieu, le commencement et la fin de toute chose, et, en ce sens, contient le mystère du sens ultime de toute chose.

" Dieu ne peut être connu qu'à partir de Dieu ".

Claude Conedera (extrait du n° 4 des "Annales de l'UPL").



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